La Massaye : Le dessous des cartes

Avec l'autorisation de son auteur, nous vous laissons prendre connaissance, d'un article qui explique sans détours, l'envers du décor de cette opération immobilière. 

Destruction de l'environnement et de zones humides, non protection de patrimoine bâti et risques financiers pour les contribuables.


2020, dernière chance pour la Massaye


Domaine de la Massaye, vendredi 14 Février 2020


Nos deux recours devant le Tribunal administratif de Rennes ont malheureusement été rejetés.

1 - Celui contre le permis de démolir accordé à la SADIV pour détruire des dépendances du château (pourtant répertoriées et protégées par un document adopté par un vote du conseil municipal). Le maire de Guichen a maintenant les mains libres pour faire détruire ce qui bon lui semble du patrimoine historique de la Massaye. En laissant se dégrader les bâtiments, ce sera encore plus aisé.

2 - Notre recours contre le PLU sur la périmètre de la Massaye a aussi été rejeté. Les volets zones humides, corridors écologiques, patrimoine historique, emprise urbaine etc, n'ont pas été retenus. Manifestement les tribunaux ne sont pas encore mûrs pour protéger l'environnement en Ille-et Vilaine.


La SADIV et la mairie de Guichen passent dès à présent aux travaux de la seconde tranche de la ZAC, en commençant par l'abattage de plusieurs centaines d'arbres: ceux du parc de l'ancien CHU, la destruction de l'éco-système autour de l'étang (qui est probablement la carrière de pierres du premier château), le défrichage de la plaine devant le château, qui va de l'entrée jusqu'aux douves, et du bois qui est à droite de l'entrée.


Les beaux arbres isolés ou groupés de la plaine seront abattus: cèdres de l'Himalaya, catalpas, mélèze, pins, peupliers, charmes, chênes, châtaigniers etc. Tout ce qui pourrait vivre, prospérer, décorer et servir d'habitat à la faune sera détruit.


Nous n'avons plus de levier juridique pour ralentir le rouleau compresseur qu'avait mis en branle le maire, Joël Sieller.

Il s'est désigné un successeur, son adjoint aux finances depuis des années, Dominique Delamarre. Celui-ci a signé tous les documents relatifs à la ZAC, et n'a pas plus que Sieller, de projet pour la Massaye, à part lotissement et zone d'activité...

Comme le maire actuel ne se représente pas aux prochaines élections, mais restera dans le conseil municipal, il continuera à tirer les ficelles et M. Delamarre, s'il est élu, ne sera que le faux-nez de la majorité actuelle.


Que les habitants de Guichen soient indifférents à la perte du patrimoine de Pont-Réan, cela pourrait se comprendre, mais que les CANDIDATS pont-réannais de cette liste (Terres de vies, terres d'envies) le soient aussi, est quand même désolant!

Savent-ils que le château est bien plus ancien que le pont ? Que dans les dépendances il y a des éléments architecturaux du XVII°-XVIII° et XIX°s, dont un bâtiment en bauge très ancien ? qu'il y a un réseau hydraulique d'alimentation des douves et un dallot qui rejoint le moulin et qui n'a jamais été cartographié ni étudié? Qu'une partie de ce système a été détruit par la première tranche de la ZAC ? Qu'il y a des lavoirs, abreuvoirs, sources-fontaines, une glacière, et un fournil remarquable qui menace de s'effondrer ? Qu'il y a des vestiges et une histoire de la seconde guerre mondiale largement méconnus ? Qu'une voie romaine passe par ses bois ? Que l'histoire de Pont-Réan du XV° au XX° siècle avec des personnages illustres s'est passée à la Massaye, le village en contre-bas étant tout petit et très peu peuplé ?


Pour faire bien et pour être à la mode, la liste « Terres de vies, terres d'envies » s'est trouvée une fibre écologique mais qu'elle n'applique surtout pas à la Massaye !

La destruction des zones humides ne sera compensée qu'à hauteur de 160 %, la loi prévoit 200%, mais la commune a réussi à avoir une dérogation du préfet, déjà que les surfaces recensées étaient bien en dessous de la réalité...

On prévoit l'abattage de chênes centenaires, car des alignements ont été déclassés en simple haie... et puis certains arbres gênent l'extension du lotissement et la zone d'activité, et beaucoup périrons suite au creusement des réseaux.


La destruction des corridors écologiques est la conséquence de ce gros lotissement, nous l'avons plusieurs fois documenté ici. À la place de favoriser le lien naturel avec les ZNIEFF environnantes (Bagatz, Sablières, le Boël), on en fait un isolat.

L'urbanisation favorisée par le maire plaît surement à certains, mais sûrement pas à l'environnement rural et naturel qui devrait prévaloir le long de la Vilaine.

Peut-être les candidats pont-réannais seront-ils plutôt sensibles au côté financier que le candidat Delamarre n'évoquera pas ?

Le montage financier de la ZAC était basé sur la vente rapide du château pour 1,2 millions d'euros. Mais il ne se vend pas, ni à 1 million €, ni a beaucoup moins, et à la finale c'est la commune qui sera obligée de récupérer le bien qui n'a pas cessé de se dégrader. La SADIV a juste la mission de le vendre sans obligation de résultat. Qui voudrait d'un château avec un lotissement qui arrive au ras des douves ?


La SADIV devait verser à la commune 1 million € suite à l'opération immobilière, mais elle a négocié un avenant au contrat de concession qui stipule, que la somme ne sera versée que si l'opération sera au final bénéficiaire. On ne se demande comment cela pourrait arriver, vu la mévente du château.

Cela fera au bas mot un trou de deux millions € dans les années qui viennent. Sans compter les difficultés financières que représentent la réhabilitation et l'entretien des deux biens que M. Sieller à imposé pour qu'ils deviennent bien communal : la grande ferme de la Massaye et la Chapelle de la Marine à l'entrée du domaine. Ni pour l'une, ni pour l'autre, il n'y a à ce jour de projet d'utilisation, et encore moins de budget !


La vente du Domaine de la Massaye à la SADIV s'est faite il y a 4 ans et demie, depuis longtemps ces bâtiments devaient revenir à la commune. Qu'attendent-ils ?

Et que dire de la zone d'activité projetée et la partie dédiée au télé-travail pour entreprises ? N'est ce pas aussi un miroir aux alouettes que le « marchand de vent » qu'est Sieller a vendu aux habitants de la commune ? Il promettait un siège social d’entreprise et un «plateau blanc» pour le château, des locaux avec vue sur Rennes que l'on s'arracherait pour s'y installer... Un deuxième Ker Lann.

Rien de tout cela n'est venu. Il a refusé de vendre le château à un entrepreneur, à un centre équestre... Nous avons été contactés par plusieurs sociétés, mais dès la connaissance de l'étendue du lotissement ils ont renoncé. Que de beaux projets torpillés par une majorité avide de profits et qui se trouve maintenant devoir léguer un déficit de taille !


Et puis dans la zone d'activité, il faudrait autoriser des commerces, c'est prévu dans le contrat qu'avait signé Sieller en 2009 et 2012 avec la région Bretagne, mais ce serait la faillite des quelques commerçants du bourg, Sieller et Delamarre le savent...

Est-ce que dès le début, la mainmise de Sieller sur la Massaye, ne portait-elle pas la marque de l'orgueil et de la cupidité ?


N'a t-il pas écrit en 2011 dans le journal communal Reflet :

« La commune se devait donc logiquement d'intervenir pour éviter la privatisation du site et orienter son aménagement dans l'intérêt de la Commune et de ses habitants. » « Les seuls impératifs fixés par la Commune sont la viabilité financière de l'opération et le maintien de l'accès au public du parc du château. »

Et en 2007 : « La construction de logements sur la Commune Guichen Pont-Réan pouvant être réalisée sur d'autres secteurs, la composante habitat serait limitée sur ce site. »

« La vocation de la ZAC serait donc à forte dominante d'activité. » « … l'implantation d'activités tertiaires – voire tertiaires supérieures - et habitat.»

Et en 2015 : « Laisser la vente se faire au profit d'un privé au risque que le Domaine devienne interdit aux habitants de Pont-Réan et de Guichen, alors que je sais tout un chacun attaché à cet espace? Non, ce risque nous n'avons pas souhaité le prendre. Le 12 décembre 2005 le conseil municipal a donc décidé (...) la création d'une ZAC. »

(cf. notre article « Mensonges et Réalités » sur cette page Facebook


On ne peut que constater le résultat 15 ans après, le château et ses dépendances tombent en ruine, Sieller et son équipe ont été incapables de tenir leurs promesses ou de respecter leurs engagements, pire, les conséquences pour les finances de la commune et la qualité de vie à Pont-Réan ne feront que se dégrader.

Autre imprévision et incompétence de ces gens : le risque inondation à Pont-Réan n'est pas levé, au contraire, avec les changements climatiques à venir, il va s'aggraver. Cet hiver nous avons vu la côte d'alerte s'approcher dangereusement des niveaux historiques. Les sols sont saturées d'eau. La commune s'est endormie suite aux différents étés secs et aux hivers doux. Mais ce qui est arrivé en 1999 – 2001 ou pire, 1966 et 1885 peut revenir plus vite que l'on croit.

(cf : notre article « Inondations »)


Tout le groupe scolaire fût inondé avec les conséquences et coûts financiers qui suivirent. Qu'ont-ils appris de ces sinistres ? Rien, car de nouveaux permis de construire ont été délivrés et les écoles et installations périscolaires sont restées en place.


Ne faillait-il pas à l'époque du départ du CHU de la Massaye, se mettre d'accord avec l'association des vétérinaires pour un rachat du domaine ou une location-vente, transférer la mairie et les services municipaux au château et dans ses annexes, le groupe scolaire de Pont-Réan et une partie de celui de Guichen dans le bâtiment de hôpital qui était une très belle construction conçue par l'architecte rennais Louis Chouinard ? La remise aux normes et en état était possible (cf. notre album photos « La Massaye au temps du CHU »). Il y avait aussi une salle des fêtes que la commune voulait garder et qu'elle a finalement démolie.

Faire un très beau campus scolaire intégré dans la nature, voilà un beau projet, beaucoup de personnes y avaient pensé, mais pas eux !


Guichen et Pont-Réan cumulent maintenant tous les inconvénients, défauts et pertes. Risques d'inondation, bétonisation des sols, destruction de l'environnement et des zones humides, densité d'urbanisation qui fera doubler la population de Pont-Réan et un manque de services publics. Et aucun projet intéressant n’est proposé pour le bourg, ni aucune concertation prévue avec Bruz qui administre la rive gauche, ni de projet pour les lieu-dits, car tout remonte à la Ville de Guichen.

Les candidats pont-réannais de la liste du maire devront se poser la question s’ils sont vraiment à leur place. Et les habitants de la commune, s’ils sont sensibles à l'environnement, au patrimoine et aux finances (liste non exhaustive), si au bout de 36 ans il n'est pas temps de changer d'équipe, car en matière de bêtise, d'incompétence et de mauvaise foi on a atteint les sommets.


P.S.: voir notre nouveau album avec les arbres à abattre, marqués du point rouge de l’infamie. Beaucoup pourraient encore vivre 50 ans et plus.


P.S.: les adjoints à l’urbanisme et à l’environnement pourraient à l’occasion expliquer aux nouveaux habitants du lotissement, riverains du bois, que les arbres même mitoyens, sont dans un Espace Boisé Classé, et en conséquence, il ne faut pas les abattre comme on l’a vu encore récemment. 

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